SOS violence conjugale a procédé à l'ÉVALUATION DU MAINTIEN DE L'ÉQUITÉ SALARIALE pour la période suivante : Du 1er avril 2016 au 31 mars 2021.

Les anciennes employées visées par cette période qui souhaitent obtenir plus d'informations concernant les affichages peuvent communiquer avec Cassandra Jeanty à l'adresse suivante : cjeanty@sosviolenceconjugale.ca.

Mais pourquoi elle reste ?  : le piège de la violence conjugale

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Mais pourquoi elle reste ? : le piège de la violence conjugale

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Pour les proches, il est souvent difficile de comprendre tout ce qu’une victime de violence conjugale traverse lorsqu’elle envisage de mettre fin à sa relation, et de comprendre pourquoi elle peut choisir de rester avec un partenaire violent. En réalité, quitter une relation violente peut être très risqué, et de nombreux obstacles rendent cette décision particulièrement difficile.

L'allégorie de la grande roue

On dit souvent qu’il faut respecter le rythme de la victime quand il est question d’une rupture. Mais en réalité, ce n’est pas vraiment son rythme à elle qui dicte la marche… c’est celui de la violence.

Il y a des moments où quitter une relation marquée par la violence peut être encore plus dangereux que d’y rester. C’est un peu comme une grande roue.

Quand on est dans une grande roue, on n’a que peu d’occasions de descendre, et on n’a aucun pouvoir sur son rythme. Si la personne qui fait tourner la roue décide de l’arrêter alors qu’on est tout en haut, on reste coincé. Il faut attendre que la roue reparte, que la nacelle revienne en bas et qu’elle s’arrête pour qu’il devienne possible d’en descendre.

Avec la violence conjugale, c’est encore plus complexe : la roue ne s’arrête pas toujours, et elle change sans cesse de vitesse. On a de plus en plus le vertige, mais il est presque impossible de sauter. Sortir d’une telle relation ressemble à ça. La roue s’arrête souvent en haut, l’opérateur garde le contrôle, et la passagère n’a que très peu de prise sur ce qui se passe. Elle doit parfois faire de nombreux tours pour mieux comprendre le rythme de la roue et préparer le moment le plus sûr pour en descendre.

Les ressources en violence conjugale sont là pour accompagner la victime dans ce manège : l’aider à évaluer ce qui se passe, planifier la sortie la plus sécuritaire et, au besoin, l’attendre en bas avec autant de matelas que possible pour amortir la chute si elle est difficile.

Voici quelques-uns des enjeux qui peuvent piéger les victimes dans une relation de violence conjugale et de contrôle coercitif:

1

Le potentiel de danger

Les victimes de violence conjugale sont souvent terrifiées à l’idée d’annoncer une rupture à leur partenaire. Le moment de la rupture est le moment le plus dangereux dans une situation de violence conjugale. Le potentiel d’escalade est important et le risque de blessures graves ou même de féminicide (ou de meurtre des enfants) est présent dans certaines situations. Les victimes de violence sentent ce potentiel de danger et tentent de s’en préserver et de protéger leurs enfants.

2

La peur de représailles et de la violence post-séparation

Les victimes craignent que le partenaire n’accepte pas la séparation et que la situation soit encore plus difficile qu’elle ne l’est pour le moment. Elles craignent que le partenaire mente aux autorités, aux avocats et aux intervenants. Elles craignent que la violence se poursuive même si elle s'est séparée, une peur légitime qui se confirme malheureusement trop souvent puisque la violence post-séparation est très fréquente.

3

L'isolement et la victimisation secondaire

Les victimes se retrouvent généralement très isolées par la violence conjugale. De plus, certain-es proches risquent de brusquer ou de juger les décisions et les réactions des victimes, leur infligeant ce qu'on appelle des victimisations secondaires qui viennent entraver encore plus la relation et l'accès au soutien des proches. Le fait de ne pas avoir accès à l’aide concrète et au soutien émotionnel de leurs proches complique la réflexion face à une rupture potentielle.

4

La peur pour leurs enfants

La peur qu'un partenaire qui exerce de la violence conjugale se retrouve avec une garde exclusive ou partagée des enfants est souvent présente pour les victimes, particulièrement si l'agresseur a déjà fait des menaces à cet égard ou s’il a déjà été violent avec les enfants.

5

Les répercussions de la violence

Au moment de considérer une rupture à cause de la violence conjugale, les victimes de violence ont souvent subi cette violence depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Les conséquences de la violence sont donc déjà bien présentes : elles sont épuisées, elles ont perdu confiance en elles et en leurs capacités, elles ont des problèmes de santé physique dus au stress, elles ont peur et peuvent présenter les symptômes de l’état de stress post-traumatique. Ces conséquences font en sorte qu’elles ont du mal à imaginer être en mesure de faire face à une rupture et à tout ce que celle-ci implique.

6

Le manque de ressources financières

La violence économique chronique fait souvent en sorte que les victimes de violence conjugale n’ont pas (ou n’ont pas accès) aux ressources financières qui permettraient d’assurer la réponse à leurs besoins et à ceux de leurs enfants en plus de devoir assumer les nombreuses dépenses inhérentes à une rupture éventuelle (déménagement, réorganisation matérielle, frais d'avocat, etc.). De plus, les impacts de la violence sur sa santé peuvent rendre difficile l'accès au travail rémunéré et ce, parfois durant un certain temps.

7

La crise du logement

La crise du logement actuelle implique qu'il est particulièrement difficile pour les victimes de violence conjugale de penser pouvoir trouver à se loger décemment à un coût raisonnable rapidement suite à une rupture. Le risque d'itinérance existe même pour de certaines victimes. Elles sont nombreuses à nous dire que la crise du logement est l'un des obstacles principaux pour elles lorsqu'elles pensent à partir.

8

La méconnaissance de leurs droits

La plupart des victimes de violence conjugale ne connaissent pas bien leurs droits. Elles connaissent très peu les recours judiciaires disponibles au criminel et les comportements pour lesquels elles peuvent y faire appel. Elles ne savent pas qu’elles peuvent rompre leur bail en raison de la violence conjugale. Elles ne savent pas qu’elles ont accès à des statut particuliers si leur statut d’immigration est lié à celui de leur partenaire, s’il est échu ou si elles sont sans statut. Elles ne connaissent pas bien leurs droits au niveau de la justice familiale, le droit de leurs enfants à une pension alimentaire, leur droit au patrimoine familial si elles sont mariées, etc.

9

La méconnaissance des ressources disponibles

La plupart des victimes de violence conjugale ignorent que de nombreuses ressources et programmes existent pour les aider. Elles ne savent pas qu’elles ont accès à de l’hébergement gratuit avec leurs enfants. Elles ne connaissent pas les programmes d’aide au logement disponibles. Elles ne savent pas qu’il existe un programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC). Elles ne connaissent pas les mesures de sécurité qui peuvent être mises en place lorsqu'un potentiel de danger est élevé. Elles ne savent pas qu’elles peuvent avoir des conseils légaux et avoir du soutien psychosocial gratuitement pour préparer et mettre en place une rupture sécuritaire. Etc.

10

L'indisponibilité des ressources

Au-delà de la connaissance des ressources, encore faut-il que l’accès soit facile (selon la distance par exemple) et que les services soient disponibles lorsque les victimes de violence y font appel, pour de l'hébergement par exemple. Malheureusement, les ressources au Québec sont limitées et souvent insuffisantes pour répondre aux besoins. Il est possible qu’une victime demeure dans sa relation parce qu’elle n’a pas trouvé les ressources dont elle avait besoin au moment où elle était prête à y accéder… et que les autres enjeux de sa situation se soient refermés sur elle par la suite. Il faudrait toujours pouvoir dire oui lorsqu'une victime de violence conjugale demande l'accès aux ressources.

11

La confusion face à la situation

Il est très difficile pour les victimes de percevoir la violence conjugale pour ce qu'elle est. Les partenaires violents mettent en place différents mécanismes de violence psychologique pour manipuler et brouiller la perception des victimes face à leur situation, et leur remettre une grande part de responsabilité pour les difficultés rencontrées dans la relation. De plus, une grande partie de la violence conjugale demeure encore méconnue et est donc très difficile à identifier, c'est le cas de la violence psychologique, émotionnelle, identitaire, du contrôle coercitif, etc. Il est difficile d'amorcer une réflexion sur un départ potentiel quand on a de la difficulté à se voir comme une victime de violence conjugale et qu'on pense être responsable de la situation.

Ces enjeux (et bien d’autres) impliquent qu’il est de loin préférable qu’une rupture en situation de violence conjugale soit préparée plutôt que précipitée, et qu’il est essentiel de respecter les décisions de la victime quant au rythme de la rupture.

SOS violence conjugale

Pour le meilleur et pour le pire : l'engagement envers le partenaire et la famille

On parle souvent des obstacles qui piègent une victime dans une relation abusive, mais il ne faut pas oublier un autre facteur : l’engagement personnel envers son partenaire et sa famille.

Imaginez une corde que l’on tisse patiemment au fil des années. Chaque moment partagé — officialiser la relation, emménager ensemble, avoir un enfant, se marier, acheter une maison — ajoute un fil à cette corde. Elle devient solide, presque impossible à couper d’un seul coup. Même lorsque la relation devient violente, cette corde de liens et de promesses peut retenir la personne.

Pour beaucoup de victimes, ces engagements représentent leur loyauté, leur persévérance et leur sens des responsabilités. Et malheureusement, ce sont souvent ces mêmes qualités que le partenaire violent exploite pour la garder dans la relation, rendant la rupture encore plus difficile à envisager.

 

 

 

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