6 façons de favoriser son rétablissement après la violence conjugale

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6 façons de favoriser son rétablissement après la violence conjugale

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Lorsqu’on a subi une situation de violence conjugale, on s’est fait enlever le pouvoir sur sa vie et sur ses choix, mais aussi sur son histoire et sur ce qu’on en comprend. On a longtemps dû vivre en fonction de quelqu’un d’autre, prioriser ses désirs et accepter sa version des faits au risque de subir la violence et la coercition. Quand on est en processus de guérison, on se permet de placer son bien-être au centre de ses priorités. Cet article présente différentes stratégies pour favoriser son rétablissement.

1. S’informer sur la violence conjugale, le contrôle coercitif et leurs répercussions

Le fait de bien connaître la problématique ainsi que ses conséquences peut aider à prendre un pas de recul sur sa situation, à valider et à normaliser ce qu’on ressent et faire en sorte qu’on se sente moins seule. Cela permet aussi de faire l’inventaire de ce à quoi on a été confronté et de ses réactions face à la situation. Pour le faire, on peut échanger avec une intervenante, lire des articles, explorer des outils d’auto-évaluation, écouter des podcasts, regarder des documentaires, explorer des récits et des témoignages de victimes, etc.

2. Prendre soin de sa santé physique et favoriser une saine hygiène de vie

Il peut être difficile de savoir par où commencer pour se rétablir des conséquences psychologiques et post-traumatiques de la violence conjugale. Par contre, on sait généralement assez bien comment se rétablir physiquement après une maladie par exemple. Comme la violence conjugale a de nombreuses répercussions au niveau de la santé physique (blessures, problèmes de santé dus au stress, etc.) il est souvent gagnant de miser sur cet aspect du rétablissement pour commencer. On est pas obligé de tout faire mais plus on réussit à avoir une bonne hygiène de vie, plus on favorise son rétablissement à tous les niveaux. Ce sont souvent des petits gestes ou des habitudes simples à changer qui peuvent faire une grande différence.

  • On peut penser à son alimentation : boire suffisamment d'eau, manger régulièrement, choisir des aliments sains, etc. 
  • On peut essayer de faire un peu d’exercice : prendre des marches, renouer avec un sport, s'inscrire aux activités physiques d'un centre communautaire, jouer au ballon avec ses enfants, etc. 
  • On peut sortir à l'extérieur tous les jours : le fait de passer du temps dans un espace vert (ou blanc !) peut améliorer le bien-être psychologique. 
  • On peut pratiquer différentes activités reconnues pour favoriser l’équilibre intérieur et le calme : la méditation, le yoga, le tai-chi, la danse, etc.
  • On peut favoriser sa qualité de sommeil : avoir une routine de sommeil régulière, éviter la caféine, éviter les siestes en journée,  limiter l’usage des écrans, réserver l’usage de la chambre exclusivement pour le sommeil, etc.
  • On peut éviter les drogues et l’abus d'alcool : ces habitudes peuvent aggraver d'autres problèmes, comme les troubles du sommeil et la déprime. 
  • On peut consulter un médecin pour explorer différentes options qui pourraient soutenir son rétablissement physique et psychologique : psychothérapie, physiothérapie, ergothérapie, massothérapie, médication pour contrer l’anxiété, la déprime, ou l'insomnie, arrêt de travail temporaire, etc. 

3. Consigner le récit de ses expériences (journaling)

Le fait de tenir un journal peut aider à s'approprier son histoire, à prendre un recul et à exprimer ce qu’on ressent. Cela permet de prendre un moment pour soi et de s’offrir écoute et bienveillance. 

On peut réaliser un récit sur papier mais aussi de façon digitale ou artistique. On peut y parler de ce qu’on a subi au passé, de ce qu’on traverse au présent et de ce qu’on veut pour le futur. On peut s’adresser à soi-même, à son agresseur, à quelqu’un d’autre ou écrire à la 3e personne. On peut écrire une histoire suivie ou y mettre nos idées pêle-mêle. On se donne le droit de dire le difficile mais également d’y consigner nos espoirs et nos gratitudes. On peut le réaliser par écrit ou par des dessins, des peintures, des poèmes, des chansons, des collages, des photos, des montages vidéos, etc. 

On peut le garder pour soi, comme un jardin secret ou encore le partager avec une personne de confiance. On peut aussi le détruire, le brûler ou l'enterrer, en tout ou en partie.  Il nous appartient d’en faire ce qui nous fera le plus de bien. L’important c’est de reprendre le pouvoir sur son histoire.

4. Se donner du temps

Chaque personne a sa propre réaction aux traumatismes et il est important de suivre son propre rythme dans son rétablissement. Il importe d'être patiente et bienveillante envers soi-même et surtout, d’éviter de juger le fait d’avoir besoin de temps pour se rétablir. Le processus de rétablissement est graduel et il peut parfois s’écouler quelques années avant d’avoir surmonté la majorité des impacts post-traumatiques. Il est important également de se rappeler que si l’ex-partenaire continue d’exercer de la violence post-séparation, cela va nécessairement prolonger la période de rétablissement. Il faudra alors être particulièrement compréhensive et patiente envers soi-même.

5. Collectiviser son expérience de violence conjugale

La violence conjugale est un problème social (et non individuel) ancré dans des valeurs sexistes qui permettent que certains partenaires se sentent légitimes de prendre le contrôle dans la relation. Au Québec seulement, elle touche des centaines de milliers de personnes annuellement.

Les victimes de violence conjugale expriment souvent de la honte et de la gêne face au fait d'avoir subi la violence conjugale. Peu importe les circonstances, le fait d'avoir subi de la violence n'est jamais de la faute de la victime. Jamais. Ce n'est pas parce qu'il y a quelque chose qu’elle n’a pas compris ou qu’elle a mal fait, ou mal vu. D'une certaine façon, on est toutes vulnérables à la violence, dès qu'on est ouverte à l'autre, qu'on est capable de pardonner, qu'on est capable de compassion, qu'on est capable de confiance, qu'on est capable de remise en question. Le responsable de la violence c'est toujours l'agresseur, qui a choisi d'essayer de gagner du pouvoir en utilisant des comportements violents et en manipulant la victime parce qu’il se sent légitime de le faire. Le problème de fond, c’est qu’il reste encore trop de sexisme dans les valeurs qui sous-tendent notre société.

Quand on collectivise le problème, qu’on prend un pas de recul pour voir le phénomène social, on constate que des milliers de personnes toutes aussi différentes les unes que les autres ont des histoires qui, malgré leurs différences, sont très similaires entre elles. Ça permet de se comprendre comme une victime de l’agresseur lui-même, mais aussi d’un problème social qui perdure encore aujourd’hui et qui doit changer. Si on a l’occasion de s’impliquer dans des groupes de parole ou de lutte à la violence, cela peut aider à ce processus et permettre une entraide qui favorise beaucoup le rétablissement. Un groupe de soutien ou un séjour en Maison d’hébergement est un lieu privilégié de collectivisation. D’autres ressources informelles et communautaires - comme les Centres de femmes - sont également des lieux propices pour y avoir accès.

6. Obtenir le soutien d’une intervenante spécialisée en violence conjugale

Pour favoriser son rétablissement, il peut être très utile d’avoir accès à une intervenante spécialisée en violence conjugale. Cette intervenante peut offrir du soutien et de l’accompagnement, peu importe ce que l’on souhaite faire de sa situation. Cela permet également d’explorer différents recours, services et ressources disponibles pour favoriser sa reconstruction. Cette intervenante peut également explorer les besoins concrets en terme de soutien individuel ou de groupe et explorer la possibilité de poursuivre son cheminement par le biais d’une psychothérapie. 

On peut avoir accès à du soutien anonyme, confidentiel et gratuit par téléphone 24h sur 24, à des rencontres individuelles, à des groupes de soutien, et à de nombreux autres services en contactant SOS violence conjugale via l'onglet "contactez-nous" au bas de cette page.

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Bien que la violence conjugale touche majoritairement des femmes, elle peut aussi toucher les hommes et les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre. Les services de SOS violence conjugale sont offerts à toutes les personnes touchées par la problématique.

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