Sécuriser sa rupture : Stratégies concrètes pour se protéger au moment d’un départ

Se préparer à partir Sécurité avant tout

Sécuriser sa rupture : Stratégies concrètes pour se protéger au moment d’un départ

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Cet article explore différents enjeux liés à la sécurité au moment d’un départ. Des articles différents explorent d'autres aspects liés à la sécurité en contexte de violence conjugale : la construction de scénarios de protection personnalisés, la protection de son intégrité physique, la protection face à la violence technologique et celle de ses milieux de vie suite à un départ. Ces articles sont disponibles au bas de cette page.

Important : Les stratégies présentées dans cet article ne sont pas toujours appropriées dans toutes les situations et il importe de suivre son instinct sur ce qui est utile et sécuritaire ou non pour soi-même. Dans l’idéal, ces propositions seraient adaptées à chaque situation particulière dans le cadre de l’élaboration de scénarios de protection personnalisés, construits avec l’aide d’une intervenante spécialisée en violence conjugale.

Préparer son départ

Quitter une relation de violence conjugale comporte plusieurs enjeux et implique de nombreuses démarches. C’est une décision difficile qui comporte un risque que le partenaire augmente l’intensité de sa violence pour conserver le pouvoir. Pour cette raison, il est utile de bien préparer cette étape. Pour plus d’information à ce sujet, on peut consulter les articles  Préparer son départ : une étape délicate et S’extraire de l’emprise de la violence conjugale.

Prendre une distance de sécurité avec l'agresseur

Comme on ne sait pas comment un partenaire violent peut réagir à l'annonce d'une rupture, on préconise de créer un espace sécuritaire entre la victime et l'agresseur, afin qu'il ne puisse pas l'atteindre. Pour favoriser sa sécurité lors des premiers jours suivant une rupture en attendant de voir comment le partenaire réagit à la situation, on peut :

  • Éviter d’annoncer son départ en personne à son agresseur. Privilégier une communication indirecte (comme l’envoi d’un courriel ou d’une lettre) une fois qu’on sera en sécurité.
  • Prendre des photos du contenu et de l’état de la maison ou du logement au moment du départ.
  • Mettre en place des barrières technologiques (consultez nos conseils d'autodéfense technologiques pour savoir comment).
  • Éviter de se réfugier dans un lieu connu du partenaire.
  • Avertir les services policiers de sa ville de résidence qu'on a quitté (avec les enfants le cas échéant) et qu'on est en sécurité, dans l'éventualité où le partenaire violent tenterait de signaler sa disparition pour savoir où on se trouve.
  • Avertir ses proches du fait qu'on a quitté et qu'on est en sécurité, mais sans leur dire le lieu où on s'est réfugiée.
  • Éviter les quartiers et les lieux fréquentés par le partenaire.
  • Donner rendez-vous à ses proches à bonne distance du lieu où l’on séjourne.
  • Éviter de faire un retrait dans un compte conjoint ou d’utiliser une carte de crédit conjointe (ou tout autre compte, même personnel auquel le conjoint pourrait avoir accès), car cela peut permettre à un partenaire violent de savoir où le retrait a été effectué. En cas d’urgence, s’éloigner significativement du lieu de son hébergement pour effectuer une transaction ou retirer de l’argent.
  • Bloquer les communications directes du partenaire (téléphone, texto, messenger, facebook, etc.), en demandant de n’être contactée que par courriel pour les démarches de séparation.
  • Préparer ce qu’on veut répondre (et si on veut répondre) si l’agresseur réussit à entrer en contact avec soi.
  • Surveiller que le partenaire n’entre pas en contact avec les enfants via leur appareils, des applications, des jouets intelligents ou des jeux en ligne.
  • Explorer l’idée de ne pas aller travailler temporairement et de garder les enfants en sécurité avec soi.

Se réfugier en Maison d’hébergement

Au moment d’une rupture, il peut être plus sécuritaire de se réfugier en Maison d’hébergement plutôt que chez des proches ou dans un nouveau logement. Les Maisons d'hébergement sont des lieux confortables, secrets et sécurisés. On y a accès à du soutien dans son parcours et dans ses démarches, et des intervenantes veillent sur la sécurité 24h sur 24. Au Québec, il existe tout un réseau de Maisons d’hébergement de première et de seconde étape. Pour faire une demande d’hébergement, on peut contacter SOS violence conjugale, 24h sur 24 au 1 800 363-9010.

S’il n’y a pas de place en Maison d’hébergement, demander une estimation des risques auxquels on est confrontée

Il y a malheureusement des moments où aucune place d’hébergement n’est disponible à distance raisonnable. Si on fait une demande d’hébergement et qu’aucune place n’est disponible, on peut demander qu’une estimation des risques auxquels on est confrontée soit faite par une intervenante spécialisée en violence conjugale. L'intervenante pourra proposer des scénarios de protection et, si le risque potentiel est très important, elle pourra explorer différentes possibilités pour constituer un filet de sécurité.

Faire appel aux policiers pour récupérer ses effets essentiels

Suite à un départ précipité en situation de crise, on peut avoir besoin de revenir à la maison pour récupérer certains effets personnels essentiels (cartes de crédit ou débit, documents d’identité, passeport, cellulaire, ordinateur personnel, petite valise, etc.). Comme il s‘agit d’un moment particulièrement sensible au niveau de la sécurité, on peut demander l’accompagnement des Services policiers pour le faire.

Prévenir la violence judiciaire et la quérulence

De nombreux enjeux juridiques sont en jeu au moment d’une rupture en contexte de violence conjugale. Pour éviter que le partenaire violent ne puisse instrumentaliser ces démarches, on suggère de :

  • Consulter un.e avocat.e rapidement pour prendre les décisions les plus éclairées possibles pour la suite.
  • Limiter au maximum les interactions directes et les négociations sans intermédiaire avec l'ex-partenaire.
  • Éviter la médiation familiale.
  • Être représentée par un.e avocat.e pour tout ce qui concerne la séparation.
  • Ne rien signer sans d'abord obtenir des conseils légaux sur le document en question.
  • Demander rapidement une ordonnance légale de garde temporaire des enfants pour raison de violence conjugale, en attendant qu’une audience en profondeur puisse être tenue.
  • Documenter le plus précisément possible la violence subie, avant la rupture et après.
  • Explorer l'idée de porter plainte pour les violences criminelles subies, afin que ce soit pris en compte dans les démarches en Cour de la famille ou de la jeunesse.
  • Demander un jugement qui précise en détail les modalités de communication, les délais de réponse, les modalités d'échange des enfants, les droits d’accès réguliers, les droits d’accès pendant les vacances et les jours de fête, les droits liés aux voyages, le partage des dépenses (frais réguliers et particuliers), etc.
  • Demander des visites supervisées ou des échanges supervisés pour les enfants.
  • Éviter à tout prix que les enfants ne deviennent les messagers des parents.
  • Utiliser une application de communication parentale.
  • Utiliser une application de partage des dépenses pour éviter les négociations à la pièce.
  • Demander une perception automatique de la pension alimentaire.
  • Demander qu’une ordonnance de protection civile soit inclue dans le jugement de séparation.
  • Documenter et rapporter rapidement aux policiers ou à son avocat tout non-respect d’une ordonnance judiciaire ou d’un jugement.

L'organisme Rebâtir offre aux victimes de violence conjugale ou sexuelle 4h de conseils juridiques gratuits dans tous les domaines du droit (civil, criminel, immigration, protection de la jeunesse, etc.). On peut les rejoindre au 1 833-REBATIR.

Les articles 13 questions sur le droit familial en contexte de violence conjugale et 13 questions sur le processus judiciaire criminel peuvent aussi être utiles pour explorer ces questions.

Protéger son pouvoir économique et son crédit

La vie économique peut être ciblée par un partenaire violent tout au long de la relation. Cette violence peut également escalader au moment de la rupture et nuire à la réorganisation. Pour s’en protéger, il peut être utile de :

  • S’assurer que son salaire et toute autre prestation économique (assurance chômage, assurances maladie, prestations fiscales pour enfants, etc) soient déposés dans un compte uniquement à son nom.
  • Aviser rapidement les instances gouvernementales responsables des prestations fiscales pour enfant ou de l'aide sociale de tout changement dans la relation et dans la garde légale d’un enfant.
  • Documenter l’état de tout compte de banque conjoint ou de carte de crédit conjointe au moment du départ et par la suite.
  • Fermer les comptes (personnels et conjoints) auxquels le partenaire a déjà eu accès.
  • Modifier les “questions secrètes” utilisées pour donner accès à ses comptes, en utilisant des “fausses réponses” pour éviter qu’un ex-partenaire qui connaît bien sa vie puisse utiliser cette information pour deviner les réponses aux questions secrètes et accéder à ses nouveaux comptes.
  • Examiner régulièrement son dossier de crédit, en vérifiant s’il y a des comptes qui s’y trouvent alors qu’on ne les a pas ouverts personnellement, ou des créanciers qui ont demandé à obtenir son dossier de crédit alors qu’on ne leur a pas demandé de crédit ou de prêt.
  • S’abonner aux services de surveillance du crédit ou faire ajouter une alerte au vol d'identité (ou à la fraude) à son dossier de crédit, en communiquant avec les deux agences nationales d’évaluation du crédit du Canada : Equifax et TransUnion.

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Bien que la violence conjugale touche majoritairement des femmes, elle peut aussi toucher les hommes et les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre. Les services de SOS violence conjugale sont offerts à toutes les personnes touchées par la problématique.

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